#24 - Portrait d'Alumni - Cyril Laumonier
Alumnisit, l'association des anciens de l' ISIT pose ses questions préférées à Cyril Laumonier, traducteur, diplômé de l' ISIT en 2010.
1️⃣ Comment avez-vous pris la décision d'exercer ce métier ?
Sensibilisé à la littérature par des professeurs formidables à l'époque du lycée, j'ai entamé mon parcours professionnel en littérature grâce à mes premiers stages à l'ISIT, en 3e et 4e années. Je travaillais comme assistant éditorial pour la collection Quarto, chez Editions Gallimard. Il s'agissait de corriger des manuscrits, rédiger le catalogue, échanger avec les différents services... Les liens soudés avec mes interlocuteur·trices m'ont permis ensuite de collaborer avec d'autres maisons. Ainsi, à mon entrée en 5e année, on m'a confié une première traduction de roman, pour les éditions De La Martinière Jeunesse. Je ne me suis plus arrêté.
2️⃣ Qu'est-ce que vous aimez beaucoup dans votre métier ?
La traduction littéraire permet d'explorer de multiples univers, une infinité de voix, si bien que l'on se remet en question à chaque nouveau texte. Serai-je capable de créer une œuvre, sinon jumelle, au moins sœur de l'originale pour mon lectorat ? C'est souvent une question d'alchimie. Il y a des auteur·es dont la langue nous semble familière, presque amie. Alors tout de suite, c'est plus facile.
D'ailleurs, si j'apprécie cette pluralité et cette nouveauté constante, je suis également heureux de pouvoir suivre certains auteurs sur le long terme. Ainsi, je traduis actuellement mon dixième titre de Chris Colfer !
En parallèle de mon activité de traducteur, je contribue à l'édition d'une revue de nouvelles étrangères, Graminées. Nous nous efforçons autant que possible d'explorer des territoires littéraires moins connus, que ce soit par la langue (persan, turc, coréen...) ou par la provenance des textes (Ouganda, Hawaï, Malaisie...). La défense de la bibliodiversité dans le contexte de concentration éditoriale nous semble primordiale. Oser se laisser surprendre par l'autre, se laisser bousculer, parfois ne pas tout comprendre... mais toujours chercher à accueillir la voix de l'autre dans notre langue.
3️⃣ Quels sont les outils que vous utilisez pour faire votre métier ?
Les basiques. Pour rédiger la traduction : un logiciel de traitement de texte, des dictionnaires, et Antidote pour nettoyer. Une fois le premier jet terminé, on passe au papier et au crayon. Rien de mieux pour l'œil et pour l'esprit que de se détacher de l'écran !
Si les outils de traduction assistée par ordinateur (TAO) sont peu efficaces dans notre domaine, certains éditeurs peu scrupuleux cherchent aujourd'hui à imposer les outils de traduction automatique (TA) et la post-édition, évidemment dans la perspective de faire des économies. Si bien que les associations professionnelles doivent lutter activement contre ce phénomène (voir le collectif En chair et en os : https://enchairetenos.org/) qui est à la fois une insulte aux traducteur·trices, mais avant tout à l'esprit humain.
4️⃣ Qui sont, selon vous, les références à connaître dans votre métier ?
Bien sûr, je pourrais citer tous ces noms devenus indissociables des littératures traduites en langue française aujourd'hui. On pense à André Markowicz pour la littérature russe, René de Ceccatty pour l'italien, Cécile Sakai pour le japonais... Il faut également saluer le formidable travail d'Olivier Mannoni qui, avec la création de l'École de traduction littéraire (ETL), s'affaire à transmettre les savoirs et les bonnes pratiques, et à préparer la nouvelle génération de professionnel·les.
Mais il faut aussi regarder du côté de l'ISIT ! Notre école compte en réalité de nombreux professionnel·les qui évoluent aujourd'hui dans le secteur du livre, que ce soit en écriture, édition, traduction, cession de droit et même illustration.
Merci Cyril Laumonier d'avoir partagé ton expérience métier !