#42 - Portrait d'Alumni - Lucie Laval
Alumnisit, l'association des anciens de l' ISIT pose ses questions préférées à Lucie Laval, qui est CEO de l’agence Contentactic , agence SEO multilingue.
1️⃣ Comment avez-vous pris la décision d'exercer ce métier ?
Pour pouvoir répondre avec pertinence à cette question, commençons par le commencement : quel métier ? Je suis aujourd’hui la fondatrice et CEO de l’agence Contentactic, une agence SEO multilingue basée à Bergerac en Dordogne. J’y exerce plusieurs métiers : dirigeante, traductrice, rédactrice, chef de projet, consultante SEO, manager, RH, admin, commerciale, communicante… C’est le lot de tous les entrepreneurs qui partent de zéro ☺️.
C’est une décision qui a fait son chemin petit à petit. En réalité, quand je suis arrivée à l’ ISIT en quatrième année, je n’avais aucune idée de ce que je voulais devenir plus tard. Je sortais de trois ans de classes préparatoires littéraires, et je n’avais qu’une conception vague et floue du monde de l’entreprise. Ayant réalisé ma dernière année de Master en Management Interculturel en alternance, j’ai été embauchée à l’issue au poste d’Assistante commerciale et communication au sein d’un grand groupe de diffusion et distribution de livres. Mon service représentait alors un groupement d’éditeurs québécois, et je me suis attelée à une grande variété de tâches : relations presse, événementiel, communication, réseaux sociaux, analyse et suivi des ventes…
J’y ai passé deux années… Au cours desquelles je me suis peu à peu retrouvée vaccinée du salariat. Je me suis donc lancée dans l’aventure entrepreneuriale, d’abord en freelance, de 2016 à 2020, puis en montant l’agence Contentactic en 2021. Comme indépendante, je proposais mes services en tant que traductrice et rédactrice web SEO (j’ai donc dû me former au SEO et à la rédaction web en parallèle). Puis j’ai réalisé que de plus en plus de contenus en ligne (sites internet, articles de blog etc.) étaient traduits à longueur de journée, sans optimisation SEO. Parce que les traducteurs n’étaient historiquement pas formés à ces enjeux, et que les clients n’en étaient pas conscients. Je suis donc devenue traductrice-rédactrice SEO, de l’anglais et l’espagnol vers le français. Sauf qu’il manquait toutes les autres langues à mon offre de services. De là est née l’idée de lancer ma propre agence.
2️⃣ Qu'est-ce que vous aimez beaucoup dans votre métier ?
L’ambition, avec Contentactic, est de pouvoir proposer la valeur suivante à nos clients : nos équipes se chargent de concevoir et déployer votre stratégie de contenus, techniques et/ou copywrités, avec ou sans optimisation SEO, dans toutes vos langues de travail et sur tous vos marchés. Une promesse pas si facile à tenir, sachant qu’il faut pour cela proposer une multitude d’expertises, allant du SEO aux métiers du contenu (rédaction web, traduction, copywriting, post-édition…), en passant par la conception web, l’UX et le marketing. Et c’est ce qui me plaît dans mon métier : identifier un besoin fondamental, analyser les ressources à développer pour y répondre, et construire une offre innovante, à forte valeur ajoutée, autour de ces expertises clés.
Or, pour pouvoir tenir notre promesse, il nous a d’abord fallu travailler d’arrache-pied pour construire l’écosystème indispensable à sa réalisation :
Créer la marque et structurer l’offre (pitch, ADN, valeurs, services et tarifs)
Construire notre réseau de partenaires : traducteurs, rédacteurs, copywriters, développeurs, graphistes, photographes… Plus de 150 partenaires à ce jour dans notre communauté de « Content’Acteurs »
Créer un centre de formation dédié aux métiers du contenu – la Content’Académie – pour former des partenaires avec qui nous pourrions travailler sur des projets multilingues
Faire nos preuves auprès de clients prestigieux et nous rapprocher des organisations clés de notre secteur (à l’instar de la SFT) pour construire notre notoriété (encore en cours ☺️)
Autre point qui a son importance : j’avais été, comme évoqué précédemment, plus ou moins « douchée » par mes expériences passées en entreprise. L’objectif au cœur du lancement de Contentactic, même s’il nous arrive d’être un peu submergées par l’opérationnel, était de monter une agence où il ferait bon travailler. Cela peut paraître naïf, bisounours, licorne et arc-en-ciel, ou tout ce que vous voudrez. Mais il me paraît essentiel, sachant que nous passons plus de temps à travailler qu’à profiter en famille ou entre amis, de se construire un environnement de travail sain, stimulant, et où l’on éprouve de la joie à travailler.
Je ne dis pas que cet objectif est d’ores et déjà atteint. Monter une agence de A à Z est un exercice extrêmement difficile et j’en (ré)apprends les règles tous les jours. Rien n’aurait été possible sans la merveilleuse équipe qui m’accompagne au quotidien (et dont plusieurs membres sont passés par l’ ISIT ). Mais nous tâchons en tous cas de ne pas le perdre de vue, et de tout mettre en œuvre pour l’atteindre le plus rapidement possible.
3️⃣ Quels sont les outils que vous utilisez pour faire votre métier ?
Nous utilisons énormément d’outils car chaque expertise requiert l’utilisation d’un certain nombre de logiciels métier. Inutile de vous parler des outils de traduction, que vous connaissez déjà, et que nous utilisons (ou pas) en fonction du besoin client et des exigences, associées (ou contraintes de budget).
Nous utilisons également de nombreux outils SEO, à commencer par Semrush, Ahrefs, Yourtext.guru, Thruuu etc. Ils sont indispensables pour collecter et analyser la data sur la base de laquelle nous construisons et déployons les stratégies SEO et de contenus de nos clients.
Pour la création et la refonte de sites internet, nous utilisons également une grande variété d’outils pour le maquettage, le développement web, l’UX, l’analytics, l’évaluation des performances etc.
Idem pour notre activité de formation : réalisation et mise en page des supports pédagogiques (merci Canva), plateforme d’apprentissage (Thinkific), réalisation des modules vidéo pour le e-learning (Loom) etc.
Enfin, il y a la question de l’IA. Nous avons tous entendu à un moment ou à un autre au cours de l’année écoulée que nous – traducteurs, rédacteurs… - allions être remplacés par l’IA dans un avenir proche. Vous y croyez ? Pas moi.
En revanche, je constate que les nouveaux usages liés à l’IA transforment d’ores et déjà nos métiers : les besoins, les offres, les tarifs, la manière dont nous sommes perçus par les clients et les partenaires. Avec ce sentiment désagréable qu’il va nous falloir prouver notre valeur ajoutée par rapport aux IA. Et c’est vrai.
Parce qu’aujourd’hui, l’enjeu pour les traducteurs et les traductrices est de se positionner sur les tâches à forte valeur ajoutée que l’IA ne peut pas réaliser :
La traduction de textes complexes (techniques, copywrités, émouvants, corporate)
La construction de stratégies linguistiques, culturelles, SEO, de contenus
Le conseil en communication et en interculturalité dans des environnements complexes
Autrement dit, nier l’intérêt de l’IA a tendance à nous desservir et à nous faire perdre en crédibilité. Savoir l’utiliser à bon escient nous permet de conseiller au mieux nos clients et de rester pertinents. En bref : formez-vous dès maintenant à leur utilisation.
4️⃣ Qui sont, selon vous, les références à connaître dans votre métier ?
Elles sont si nombreuses. Il ne se passe pas un jour sans que je consulte un dictionnaire. J’ai toujours trouvé beaucoup d’intérêt à lire les correspondances d’auteurs livrant des conseils d’écriture à leurs lecteurs – c’est le cas de Jane Austen, Dany Laferrière, Rainer Maria Rilke et bien d’autres. Ce sont eux, les premiers copywriters.
Et puis chaque domaine a ses figures emblématiques : Nina Ramen en France pour le copywriting, la fine équipe de la FePSeM (Fédération des Professionnels du Search Marketing) pour le SEO, Céline Alvarez et Nicolas Roland pour l’apprentissage… L’essentiel est de trouver ceux qui résonnent particulièrement avec nos valeurs.
5️⃣ En quoi, selon vous, votre métier est-il utile aux autres ?
Il est :
Utile aux clients parce que nous proposons un savoir-faire en perdition : la capacité à produire du contenu à forte valeur ajoutée intégrant les paramètres linguistiques, rédactionnels, SEO et marketing.
Utile aux partenaires avec qui nous travaillons, et qui nous font bénéficier de leurs talents, parce que nous leur apportons des projets et contribuons à leur montée en compétences.
Utile à la branche, sachant que nous sommes actuellement engagés aux côtés de la SFT Syndicat et de la CNET(Chambre Nationale des Entreprises de Traduction) pour repenser les manières de travailler entre les différents acteurs du secteur (webinaires à venir sur la question, stay tuned).
Utile à l’équipe, je l’espère, parce que je prends beaucoup de plaisir au quotidien à travailler avec mes collaboratrice (équipe de filles, so far) sur les multiples projets de l’agence.
Merci Lucie Laval !